Lauréat·e·s 2024

Shanna Warocquier (née en 1998) est une artiste photographe plasticienne vivant et travaillant à Paris. Elle a étudié au sein du secteur photographie et vidéo à l’École nationale supérieure des Arts décoratifs (Ensad) et effectué un échange à la Aalto University à Helsinki (Finlande) au sein du Master de Photographie.
Ses sujets explorent le reflet de l’organicité humaine dans le paysage naturel et les effets psychologiques entre ces entités. Elle s’intéresse à l’empreinte laissée par l’humain.e à l’ère de l’Anthropocène sur ce que l’on qualifie « d’environnement » et à celle laissée par ce dernier en retour, à chaque instant, sur l’humain.e. 
Son travail convoque la photographie, la sculpture, la vidéo et l’installation. Si son premier geste repose sur la capture d’images en deux dimensions, elle a recours à une pluralité de matériaux et trouve le prolongement de ses images en volume - réactivant la vie symbiotique de ces images qui sont révélées par la matière.
Elle a effectué plusieurs résidences dont « Au silence du monde » à St-Vincent-de-Durfort (Ardèche) et « Magyar Tenger » à Dörgisce (Hongrie) qui a débouché sur une exposition de restitution à la galerie Kalleria à Helsinki (Finlande) et « Seili » sur une île située dans l’archipel de Turku (Finlande).

Chloé Poulain est diplômée de l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon, de l’Ecole Nationale supérieure d’art de Dijon et de Sorbonne Université.

Elle est commissaire d’exposition co-fondatrice de la collective curatorial SOAP et travaille pour la galerie Marcelle Alix, Paris.Elle est actuellement commissaire invitée à la Fondation Pernod Ricard dans le cadre du projet « La Traverse ». Récemment, elle a réalisé plusieurs expositions, dont « Semblable à un petit os de seiche » à Bétonsalon, centre d’art et de recherche, cur avec soap, « Dear » à Confort Mental, cur avec Audrey Predhumeau, Juliette Ayrault et Nina Azoulay, « Ghost strata » aux ateliers White Cubi, Dijon, et « Lécher l’ours » à Interface Dijon.

Fondé par le duo de commissaires d’exposition indépendantes Sarah Lolley et Camille Velluet, le collectif emploi fictif est une association loi 1901 qui organise divers projets à caractère culturel dans le but de soutenir la création artistique émergente.

Depuis le 23 avril 2020, date de sa création, emploi fictif a organisé 18 expositions, 2 projections de films et travaillé avec 16 lieux et plus de 80 artistes. Entre septembre 2022 et janvier 2024, elles ont été résidentes de l’atelier auto-géré Non-étoile dont elles ont co-fondé et assuré la co-direction artistique de son lieu d’exposition, l’espace nonono. En 2024, le duo lance le pôle emploi fictif, un réseau d’entraide, de pair à pair, dédié à la curation émergente qui vise à fédérer et contribuer à la professionnalisation des jeunes commissaires indépendant·es, seul·es ou en collectif, en France.

Alice Brygo est cinéaste et artiste diplômée de l’ENSAD et du Fresnoy. Elle développe une pratique à la frontière entre cinéma fantastique, méthode documentaire et installation immersive. Principalement articulée autour de films, sa pratique se déploie aussi à travers des photographies et des installations sculpturales. Son travail témoigne d’une incertitude générationnelle face à une époque fragile. Il est traversé par des personnages entre-deux, explore l’imaginaire de la survie et des effondrements ainsi que le lien intime que les individus entretiennent aux décors urbains qu’ils investissent.

Travaillant entre réalisme brut et fiction surréaliste, l’artiste fait de ce trouble la matière de contes à l’onirisme crépusculaire. Elle reconstitue et déplace des situations vécues où se joue la rencontre entre personnages issus de différentes communautés pour explorer la manière dont se construisent les croyances et les imaginaires. Elle cherche les brèches, les zones troubles où les mondes isolés se rencontrent, là où les certitudes s’effritent et les rapports de force se révèlent. 

Camille Brouillard arrive à l’exposition par l’écriture. Formée à la philosophie et aux sciences sociales, elle développe un travail d’écriture aux côtés d’artistes émergent·es qui se saisissent des images et des récits pour traiter notamment des questions d’identité, de filiation, de territoire et de génération.

Après une expérience de terrain menée auprès d’artistes et de commissaires d’exposition en institutions, elle conçoit, en lien avec la création émergente, une programmation culturelle pluridisciplinaire à destination des publics étudiants. L’expérimentation des scènes artistiques en arts visuels la conduit à développer une activité indépendante en tant qu’autrice et curatrice, qu’elle mène aujourd’hui principalement entre Lille et l’Ile-de-France.

Après des études d’histoire de l’art puis de science de l’exposition à la Sorbonne, Anna de Castro Barbosa est diplômée des Beaux-Arts de Nantes en 2021 et intègre les Beaux-Arts de Paris la même année. Aujourd’hui en 5e année dans les ateliers de Tatiana Trouvé et Dominique Figarella, elle poursuit sa pratique plastique dans le champ de la sculpture et de l’installation.

De ses environnements composites à ses sculptures, elle fait de ses pièces des milieux de gestation. Elle y explore notamment l’idée de rencontre en ce qu’elle peut avoir de trouble, d’inquiétant ou d’étrange. Puisant dans les imaginaires et les imageries du cinéma d’horreur, de la botanique, de la médecine, de l’entomologie ou encore du surréalisme, Anna de Castro Barbosa pense une matière mouvante où se tressent des rapports au monde noueux et ambivalents. Oscillant toujours entre attirance et répulsion, c’est le désir même de contact que l’artiste met en jeu dans son travail.

Clémentine Dubost est auteure, curatrice et productrice dans les champs des arts visuels et vivants. Au cours de son bachelor en Humanités (cultural studies) à Amsterdam et son master en curation à Central Saint Martins à Londres en 2021, elle développe une approche matérialiste du commissariat d’exposition : le Curating as composting, envisageant sa pratique comme un terreau fertile pour des modes de collaboration alternatifs dans l’art contemporain. Après son retour à Paris en 2022, elle a coordonné différents projets artistiques, notamment aux Beaux-Arts de Paris et à L’Atlas, espace d’exposition consacré aux scènes étrangères porté par Emerige. 

Depuis octobre 2023, elle se dédie en partie à l’écriture, allant de la critique d’art à la dramaturgie. D’autre part, son intérêt particulier pour les questions liées au(x) corps et à la biopolitique l’amène à collaborer étroitement avec des chorégraphes comme Trajal Harrell et Thibault Lac. Portant une vision résolument interdisciplinaire de la curation, ses projets et recherches actuels portent sur des pratiques plastiques et performatives qui questionnent nos rapports sensibles aux autres.

Né en 1999 aux Abymes en Guadeloupe, Timmy Sapotille Louis Junior Jordan est un artiste plasticien autodidacte. À travers des médiums hétérogènes - installation, sculpture, collage - il explore l’interconnexion entre mémoire, tradition et identité culturelle en puisant dans son héritage afro- indo-caribéen et ses influences familiales. En mêlant expériences personnelles et récits culturels plus larges, son travail devient un vecteur d’introspection et
de compréhension collective qui interroge le passé colonial français mais surtout la construction de l’identité des jeunes antillais•e•s face à celui-ci. Les objets de l’intime et du patrimoine constituent sa matière première - filets de pêche, coutelas, peaux de cabris, archives, matières organiques - à partir desquels il érige une nouvelle pensée.

En 2023, il inaugure « RH IZO- ME », sa première exposition collective et autodidacte à Paris, elle est le résultat d’une recherche plastique initiée dès son départ au Canada qui s’enrichit intimement des écrits d’Édouard Glissant.